Ca y
est ! La victoire est historique. Les projections de sorties d'urnes
donnent une avance autour de 8 points à Syriza avec un score oscillant
entre 35 % et 38 % des voix et entre 148 et 154 sièges à la Vouli
(majorité absolue à 151)...
Depuis des semaines, tous les yeux étaient
braqués sur la Grèce, ceux qui espéraient la victoire de la gauche radicale Syriza mais ceux aussi qui la craignaient. Ces derniers, dans les jours qui ont précédé le vote, se sont même faits à l'idée de Syriza gagnante, à tel point que les dirigeants de l'Europe libérale et les grands médias dominants expliquent, sans rire, que Syriza « a mis de l'eau dans son vin (rouge) », essayant d'insinuer que de toute façon, les nouveaux vainqueurs du scrutin de ce dimanche 25 janvier ont édulcoré leur programme !
braqués sur la Grèce, ceux qui espéraient la victoire de la gauche radicale Syriza mais ceux aussi qui la craignaient. Ces derniers, dans les jours qui ont précédé le vote, se sont même faits à l'idée de Syriza gagnante, à tel point que les dirigeants de l'Europe libérale et les grands médias dominants expliquent, sans rire, que Syriza « a mis de l'eau dans son vin (rouge) », essayant d'insinuer que de toute façon, les nouveaux vainqueurs du scrutin de ce dimanche 25 janvier ont édulcoré leur programme !
Aucun de ces commentaires ne peut cacher l'inquiétude et l'agacement
qui ont saisi les tenants de l'austérité en Europe. Le vote massif en
faveur d'un parti de la gauche radicale dans un pays de l'Union
Européenne, et porteur d'un projet alternatif aux logiques
austéritaires, est historique.
Oui, ce vote résolument à gauche exprime le refus massif et
catégorique des politiques qui ont cherché à mettre à genoux le peuple
grec. Au nom de la résorption de la dette, les Grecs ont tout subi :
baisse des salaires, des retraites, chômage qui a explosé et qui est
aujourd'hui de 25%, privatisations à tout va, conduisant à une explosion
de la misère. Ces politiques criminelles n'ont en rien amélioré
l'économie du pays, la dette publique passant de 129% du PIB en 2009 à
175% à l'heure actuelle.
Les Grecs ont toujours résisté, allant de grèves générales en grèves
générales, de mobilisations en mobilisations qui ont irrigué tous les
champs de la société. Ces résistances sociales ne sont pas étrangères au
large succès de Syriza. Ce dernier a su se faire l'écho de ces luttes
par des mesures proposées qui refusent l'austérité et répondent à
l'urgence sociale : extension de l’assurance chômage, restauration du
salaire minimum et du droit du travail, politiques en faveur des foyers
les plus démunis (subventions alimentaires et électricité gratuite), et
entre autres mesures, restructuration de la dette publique grecque. Pour
gagner, Syriza s'est clairement situé sur une ligne d'opposition aux
partis porteurs de l'austérité imposée par la Troïka (notamment le
PASOK) et de refus de toute collaboration avec eux.
Cette question va rapidement se situer au cœur des discussions au
sein de l'UE : elle signifie en effet, qu'un pays peut désormais
négocier la suspension du paiement de la dette, le ré-echelonnage de
cette dernière, voire l'annulation d'une partie.
Et même si, pour les créanciers, la restructuration de la dette
grecque pouvait paraître inévitable tant celle-ci est élévée, un message
clair a été envoyé à la troïka : un pays, la Grèce va pouvoir s'opposer
à ses diktats. Situation inédite qui peut donner des idées à d'autres
peuples et pays européens comme l'Espagne, le Portugal, l'Irlande. Bien
sûr, plus que jamais, pour mener à bien les politiques annoncées, Syriza
devra s'appuyer sur la mobilisation du peuple grec.
De la Grèce au reste de l'Europe
Avant le scrutin, vendredi, Alexis Tsipras, leader de Syriza, a
expliqué mener bataille « pour tous les peuples d’Europe », pour «
mettre fin à l’austérité » et ainsi éviter « la fin de la démocratie
».
La victoire absolue de Syriza aujourd'hui permet enfin de tracer une
ligne d'espoir en Europe, pour tous les peuples qui souffrent de
l'austérité et qui la refusent.
L'arrivée au pouvoir de Syriza en Grèce, c'est un gros caillou dans
les rouages du rouleau-compresseur libéral européen. Cela rend crédible à
une large échelle pour tous les peuples d'Europe qu'une alternative
politique et économique au libéralisme est possible.
Il va nous falloir construire un mouvement de solidarité qui exige
des dirigeants de l'UE (notamment Merkel et Hollande...) le respect des
choix du peuple grec.
Plus que jamais doivent s'exprimer, dès ce soir, cette solidarité
avec les Grecs, mais aussi la coopération de toutes les forces
politiques de la gauche radicale et de transformation sociale.
Aujourd'hui s'ouvre une nouvelle page de l'histoire européenne.
Aujourd'hui nous sommes tous grecs, nous sommes tous Syriza.
Myriam Martin
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