lundi 3 décembre 2012

Le projet pharaonique de train à crémaillère…


Le bébé de Jean-Yves Gouttebel, Président du Conseil Général du Puy de Dôme, c’est tout d’abord l’image qui fait la une des médias : celle du déraillement du 28 octobre dernier. Ce sont tout de suite après des chiffres : 2 ans de travaux titanesques ; 86 millions d'euros engloutis pour transporter 400 000 passagers au sommet du Puy de Dôme, dont 42 millions d’euros supportés par le département et la région et Clermont Communauté, ce qui fait payer certains contribuables jusqu’à 3 fois ! 


A titre de comparaison, en 2012 dans le Puy de Dôme, le budget des transports représentait 35,4 millions, celui des collèges 40,3 millions d’euros et celui de la Culture et de la vie associative se montait modestement à 5,3 millions. Mais sans doute des manifestations comme celle du Festival du Court-Métrage, internationalement reconnu, n’ont-elle pas la même ampleur et le même retentissement que cette réalisation grandiose qui devait contribuer au classement du patrimoine mondial de l’UNESCO de la chaîne des Puys. A cette heure le « petit train du Puy de Dôme » renversé sur ses rails, peut sans aucun doute participer au grand concours de gabegie des finances publiques.

C’est en effet un total fiasco que ce Panoramique des Dômes
: dès son premier jour de fonctionnement, mis en circulation vers 11 heures, il était déjà hors service vers 17 h 30 à la suite d'un orage. Les problèmes ce sont répétés jusqu’au déraillement du 28 octobre dernier. Dès lors nombreuses sont les questions : pourquoi le train est-il immobilisé au premier givre ? Les périodes d’essai ont-elles été suffisantes, notamment en période hivernale ? La gare de départ n’a-t-elle pas été construite trop bas d’où l’inondation du 26 mai ? (Ne pas oublier tous les arbres abattus lors des travaux, et le ravinement qui s’en est suivi) Pourquoi certains composants utilisés n’ont-ils pas résisté à la chaleur provoquant l’arrêt du trafic en aout dernier ? Pourquoi le trafic a-t-il été perturbé par une panne d’aiguillage cet été ? A ce jour, le Panoramique des Dômes a regagné le centre de maintenance où il restera jusqu’à nouvel ordre.

Le 8 mai 2012 Jean-Yves Gouttebel disait à un journaliste, à propos de ce projet : « Nous sommes entièrement dans le développement durable ». Certes … ! Malheureusement la durabilité ne semble certainement pas à la hauteur de l’investissement et les choix concernant l’exécution des travaux, confiés à une entreprise transnationale, sont d’ores et déjà remis en cause. (Le Conseil général a choisi d’attribuer la concession au groupe canadien SNCLavalin, chargé de construire et d’exploiter le train à crémaillère pendant une période de 35 ans.) Quelqu’un a laissé ces mots sur un des multiples sites commentant les mésaventures de ce qui devait être le Grand OEuvre de Monsieur Gouttebel : « Le Bon sens voudrait ne pas chercher à faire grimper les touristes par tous les temps ou la nuit au sommet du Puy-de-Dôme et pour y voir quoi, le désert de gabegie, un ciel consterné d'étoiles. Voilà donc toute l'arrogance de l'espèce humaine avec un train écologique à l’énergie nucléaire... ». L’essentiel est dit là-dedans.

Poursuivons avec ce qu’écrivait Jean-Yves Gouttebel dans l’introduction de son édito 2011 du magazine du Conseil Général du Puy de Dôme : « L'année 2011 restera d'abord marquée par la crise économique et sociale, avec plus de chômage et de précarité. Dans le cadre des missions qui lui sont confiées par la loi et avec les moyens qui sont les siens, le Conseil général s'est efforcé de répondre à cette crise. » M. Gouttebel écrivait aussi : « Malgré un contexte budgétaire tendu, le Département est resté fidèle à ses engagements aux côtés des communes et communautés de communes, (…). » On se demande ce qui aurait été fait dans un contexte budgétaire autrement plus favorable… Aurait-on entrepris l’édification de nouvelles pyramides ? Cela laisse perplexe quant au choix concernant les priorités budgétaires et les réponses apportées à la crise dans ce département ; à moins qu’il ne s’agisse de répondre à une crise de mégalomanie … Monsieur Gouttebel déclarait, sûr de lui, lors de l’interview du 8 mai 2012 : « Sur le plan économique, le multiplicateur d’investissement est de 3, c’est-à-dire qu’un euro investi dans ce projet génère 3 euros dans l’économie locales régionale. » Chiche… ! On fait les -bons- calculs ? Nous aurions dû assister à une pluie d’euros sur le département, une véritable manne tombée du Temple de Mercure, haut-lieu du Puy de Dôme. Pline l’Ancien rapporte qu'une statue colossale en bronze avait été érigée pour le sanctuaire par le sculpteur Zénodore. « le Mercure que Zénodore a fait pour la cité gauloise des Arvernes, au prix de 400 000 sesterces pour la main-d'oeuvre, pendant dix ans. ». Il n'en reste aucune trace archéologique. Restera-t-il trace du petit train de Monsieur Gouttebel, tout aussi cher payé, dans les temps à venir ?

Aujourd’hui on se renvoie les responsabilités de toute part et, malheureusement, ce sont les employés d’accueil et de restauration du site du Puy de Dôme qui se trouvent en difficulté maintenant que le train est à l’arrêt. Et Monsieur Gouttebel est très fâché et il demande «qu’un audit soit réalisé sans délai et que soit proposé un nouveau mode de fonctionnement de l’exploitation du train. » On enquête tous azimuts. Plusieurs plaintes ont été déposées au pénal. Une l'a été par le Conseil Général du Puy-de-Dôme (propriétaire du site) contre TC Dôme (exploitant du site par délégation de service public) pour mise en danger de la vie d’autrui. L'autre plainte émane de TC Dôme contre Véolia-Transdev (concessionnaire de la conduite du train) pour non-respect de la législation des transports. Ces plaintes vont donner lieu à des enquêtes qui vont s’ajouter à cette du BEA-TT (Bureau Enquête Accident-Transport Terrestre) qui doit déterminer les causes du déraillement du 28 octobre et par contre coup les responsabilités.

En fin de compte, il semblerait bien que ce soit les contribuables du Puy de Dôme qui aient toutes les raisons d’être très fâchés. Alors qu’il devait être une solution de transport « écologique et sûre » mais aussi un moyen d’attirer plus de touristes au sommet, le Panoramique des Dômes est devenu un gouffre financier, à l’instar du projet tout aussi fumeux de Giscard, Vulcania, qui ne fonctionne qu’avec l’injection permanente de finances publiques. Monsieur Goutebel s’est entêté dans ce projet catastrophique mais il n’en reconnaîtra jamais la stupidité, voire la dangerosité si on lit ce qu’en dit le préfet du Puy-de-Dôme, Eric Delzant, qui a suspendu l'exploitation du Panoramique des Dômes par un arrêté du 30 octobre 2012. Compte tenu des évènements récents, il a estimé que "la sécurité n'était plus garantie".

Nous (A Gauche 100% maintenant Gauche Anticapitaliste pour l’éco-socialisme) nous sommes battus contre le projet du Panoramique des Dômes, comme nous nous battons encore contre le projet de l’incinérateur implanté à Beaulieu. N’aurait-il pas été plus judicieux de privilégier un système assurément moins cher, et véritablement écologique, pour assurer le service de transport jusqu’au sommet du Puy de Dôme? Nous préconisions la mise en place d’un service de bus fonctionnant au méthane vert. Ce méthane aurait été produit par les déchets ménagers au lieu qu’ils soient transformés en substances nocives dans l’incinérateur en construction à côté de Clermont. Ces deux projets grèvent d’ores et déjà les finances publiques locales, et en plus ils peuvent s’avérer potentiellement (très) dangereux pour la santé des habitants du département. Nous ne voudrions pas, un jour prochain, avoir eu raison dans notre combat contre l’incinérateur comme nous avons raison aujourd’hui dans notre opposition au projet de Monsieur Gouttebel. Ce serait trop grave.

EN CHIFFRES :
Conseil général du Puy-de-Dôme : 30 millions d’€
TC Dôme : 27,6 millions d’€
Europe (projet cofinancé par l’Union européenne – fonds européen de développement régional FEDER) : 12 millions d’€
Clermont Communauté : 6 millions d’€
Conseil régional d’Auvergne : 6 millions d’€
Etat (projet soutenu par le plan de Relance) : 5 millions d’€

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