La semaine passée a vu l'émergence de "policiers en colère", des
manifestations de nuit de policiers dont la plupart étaient en service,
certains armés et/ou masqués. Le déclencheur en a été l'embuscade de
Viry-Châtillon où des policiers ont été gravement blessés. « Ensemble! »
condamne cette agression.
Le malaise existant parmi les policiers en raison des politiques
d’austérité, de la « recherche du chiffre », élevées en principe suprême
par la présidence Sarkozy, poursuivies par François Hollande, des
conditions de travail liées notamment aux prescriptions sécuritaires
décidées par la hiérarchie, est compréhensible. Mais cela ne peut pas faire oublier que la police, en tant
qu'appareil de coercition armée ne saurait être considérée comme un
service public comme un autre et bénéficie de l'impunité pour les
violences commises contre des populations victimes de discriminations
racistes, le mouvement social de ce printemps ou les mobilisations
écologistes. Le contraste est d'ailleurs saisissant avec la mansuétude
du gouvernement envers les « policiers en colère » qui défilent de nuit
sans autorisation au mépris d'un état d'urgence qu'ils ont revendiqué.
Ce
mouvement, concernant une minorité de policiers, est d'abord porté,
légitimé, par le discours dominant dans l'espace politique en France
: sécuritaire, réactionnaire et raciste. Si elles sont alimentées par
des revendications corporatistes, les manifestations réclament
particulièrement l’absence du moindre contrôle juridique sur les actes
de la police et prônent une vision ultra-répressive de
l’action policière et judiciaire. Or ce n’est pas à certains policiers,
ni même à la police comme institution, de décider quelle doit être la
politique pénale, mais à la société dans son ensemble, et ce
démocratiquement.
Alors que le gouvernement a procédé à un tournant sécuritaire,
qui, sous couvert d'antiterrorisme, remet en cause l’Etat de droit, ces
manifestations, en se situant sur le terrain de l’extrême droite et la
droite extrême, constituent une menace anti-démocratique. D’autant plus
que la présidence Hollande est en voie de décomposition. Pour ces
raisons, « Ensemble! » appelle à la plus grande vigilance et à la
constitution d’un front de défense des droits démocratiques et au combat
antiraciste.
Au-delà, « Ensemble! » propose qu’un grand débat associant toutes les
organisations démocratiques, du mouvement ouvrier et de l'écologie
permette de discuter des fondamentaux des politiques
de sûreté publique. La tranquillité de toutes et tous ne pourra
être réelle qu'en mettant fin à l'insécurité sociale, aux oppressions
racistes et sexistes et la construction d’un lien social renouvelé
permettant l'implication populaire."
Le 24 octobre 2016.
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