Didier Lombard, ancien PDG de France Télécom a été mis en examen pour
« harcèlement moral ». Une étape supplémentaire vient donc d’être
franchie par la justice, dans le sens de la reconnaissance des causes
concrètes de la souffrance au travail, celle qui mène à la mort. Ce qui
est en jeu dans cette douloureuse affaire, c’est la responsabilité des
dirigeants d’une entreprise au regard de la politique de management
suivie au nom des réorganisations, de la préservation des profits les
plus importants, du paiement de forts dividendes aux actionnaires.
Depuis 2008, 52 suicides et 28 tentatives ont été recensés au sein du personnel de l’opérateur qui a connu deux trains de privatisation : les restructurations ont été de plus en plus brutales et impitoyables.
Le rapport de l’inspection du travail en 2010, a démontré que l’organisation du travail mise en place était pathogène. Il s’agit donc une forme organisée de harcèlement morale collectif assumé en tant que tel par la direction de l’entreprise et les individus qui la composent. 22 000 emplois sont supprimés en moins de trois ans en France. 15 000 personnes ont dû changer de métier. Chacun devait se préparer à partir.
Ces mesures ont été mise en œuvre de manière unilatérale : pas la moindre consultation du comité central d’entreprise sur l’ensemble du plan, pas de négociations avec les syndicats sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, non prise en compte systématiques des avis alarmistes des CHSCT, témoins impuissants de la dégradation quotidienne de la santé des travailleurs.
C’est autour de cette question fondamentale de la prévention des risques identifiés, et de la responsabilité des dirigeants qui n’ont pas pris les mesures correspondantes, que tourne aujourd’hui l’enquête pénale ouverte contre France Télécom et contre ses principaux dirigeants. Un lien direct est en effet établi entre l’organisation du travail et les suicides.
Pour la première fois, donc la justice considère qu’il y a lieu de mener une instruction qui met en cause directement le caractère pathogène de l’organisation du travail, désigne des responsables et diligente une instruction dont l’une des mesures décisives, est la mise en examen du PDG de l’époque. Un précédent qui doit servir tous les combats pour la reconnaissance des risques psychosociaux dans l’entreprise. La Poste ou Pôle Emploi sont de tristes imitateurs en la matière qu’il faut arrêter le plus vite possible !!!
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