Les organisations signataires condamnent la décision du conseil
départemental du Puy de Dôme. Un vote de cette instance limite
l'hébergement d'urgence des familles (avec enfants de moins de trois
ans) à 4 mois. Les familles sont ainsi sacrifiées sur l'autel de la
réduction des dépenses publiques qui concernent des personnes (et non
des dépenses de prestige), au mépris des droits fondamentaux, de la
Convention Internationale des Droits de l'Enfant, des dispositions
européennes et même des lois françaises les plus récentes (2007, 2016).
Selon les dires du vice-président en charge du social, ce sont 30
familles et 112 personnes qui seraient concernées. D'après le dernier
communiqué diffusé dans la Montagne, l'institution avance « qu'elle n'a
plus les moyens financiers de financer des missions qui ne lui incombent
pas ».
En plus des textes légaux rappelés plus haut et à leur
suite, le Conseil d’Etat a rendu, le 30 mars 2016, dans le cadre d’une
procédure diligentée par le DAL, un arrêt de principe concernant la
protection de l’enfance en danger. Le Conseil d’État rappelle que : « le
département ne peut légalement refuser à une famille avec enfants,
l’octroi ou le maintien d’une aide entrant dans le champ de ses
compétences », en l’occurrence une aide financière pour permettre un
hébergement. Cet arrêt cite le code de l'action sociale et des familles
qui ne fait aucune distinction de nationalité ou de situation
administrative.
Par ailleurs, cet arrêt consacre l'hébergement des mineurs comme une priorité.
Des
référés sont posés en urgence par les avocats et différentes
organisations (DAL, RESF, LDH, Cimade …). Pour l'instant, le juge n'a
pas tranché mais ni le conseil départemental ni la préfecture n'anticipe
la décision humaine qui s'impose : un logement pour tous.
Le
conseil départemental consacre 4,5 millions d'euros pour les mineurs
isolés et 1,4 M€ pour les familles sur les 719 M€ du budget
départemental soit moins de 1% seulement. Cette facture pourrait en
outre être diminuée par une meilleure gestion : en donnant des logements
pérennes, en suivant l'exemple de « l'atelier du logement solidaire »
et en limitant l'hébergement en hôtel très onéreux pour la collectivité.
Derrière les chiffres, il y a des drames humains. Ainsi, le 11 avril,
au moins 5 familles avec enfants en bas ages (4 mois, 13 mois, 2ans...),
certaines munies de certificats médicaux ont été mises à la rue. Pour
elles, au mieux l'entassement pour une nuit ou deux chez un compatriote
compatissant ou bien l'inconfort de la salle d'attente des urgences de
l'hôpital en début de nuit puis le froid et les risques de la
rue...L'une des familles a dormi dans une voiture. Pour toutes les
autres, la hantise d'être choisies pour la prochaine « charrette » de
mise à la rue. En effet, le vice-président du Conseil départemental nous
a annoncé que le rejet des autres familles serait étalé sur 6 à 8
semaines.
Elu-e-s du Conseil départemental, plus qu'inhumaine et
illégale votre décision est cruelle. Elle met en danger la vie d'enfants
qui, sur le territoire de la République, ont strictement les mêmes
droits quelle que soit leur origine ou la régularité de la situation de
leurs parents. Les organisations signataires de cet appel participeront à
toutes les initiatives pour faire respecter le droit, la dignité et les
principes de fraternité.
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