Les 32 heures, est-ce possible ? Comment les financer sans baisse du pouvoir d’achat ni accroissement de la flexibilité et de l’intensification du travail ? Quel contrôle des salarié-e-s et des salarié-e-s sur les embauches et l’organisation du travail ? Face à la crise et aux chômage il est plus que temps d'ouvrir le débat.
Dans une période où l’on détricote avec constance et obstination le
code du travail, et à l’heure où le projet de loi El Khomri veut lui
porter des coups majeurs, notamment, et comme dans d’autres pays
d’Europe, par une déréglementation presque totale du temps de travail,
prétendument pour faciliter les embauches, la riposte doit être à la
hauteur des enjeux, non seulement pour sauver des acquis mais pour
obtenir de nouveaux droits. Les premières oppositions au projet de loi
ont contraint le gouvernement à repousser son examen. Mais la logique
reste inchangée. En nous opposant à cette loi, nous affirmons qu’une
politique de l'emploi différente ne peut être fondée que sur une
réduction du temps de travail.
AUJOURD’HUI PLUS QUE JAMAIS, LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
Référendum chez Smart pour le passage aux 39 heures payées 37, remise en
cause des jours de RTT à l’hôpital… L’actualité nous rappelle presque
quotidiennement que le Medef, comme le patronat de tout le reste de
l’Europe, est à l’offensive sur la question de la durée du travail. Il
s’agit non seulement de revenir sur les 35 heures, mais d’abolir toute
référence à une durée légale et collective du travail.
Un acquis historique du mouvement ouvrier
La réduction de la durée du travail a
accompagné les gains de productivité, non pas de manière automatique et
régulière mais à travers les grands épisodes de la lutte des classes.
Nous travaillons aujourd’hui à mi-temps par rapport à la durée moyenne
du travail en France au milieu du XIX° siècle. Si la durée était restée
la même, on compterait quelque 14 millions de chômeurs et chômeuses.
La RTT crée des emplois
Les lois Aubry instaurant les 35 heures, malgré
l’exemption des entreprises de moins de 20 salariés, ont créé quelque
500 000 emplois. Elles ont permis à des millions de travailleurs de
bénéficier de journées de RTT. Elles ont aussi laissé un mauvais
souvenir à beaucoup de salariées et de salariés qui ont vu leur pouvoir
d’achat limité ou leurs conditions de travail se détériorer. Pour
autant, personne ne souhaite un retour en arrière. Aujourd’hui, le
chômage ne cesse de s’accroître, les nouvelles technologies vont
supprimer des milliers de postes, la transition écologique créera certes
des emplois mais en supprimera d’autres. Aussi, la réduction massive du
temps de travail est nécessaire pour résorber le chômage, faciliter les
reconversions et poursuivre la marche historique des travailleurs vers
davantage de progrès social.
La RTT, un enjeu central d’émancipation
•
L’égalité femmes-hommes : une RTT collective et égalitaire représente
une alternative au temps partiel imposé, particulièrement défavorable
pour les femmes. Elle peut permettre une meilleure répartition des
tâches domestiques dans la sphère privée.
• Vers un mode de
développement plus écologique : la RTT, c’est une autre répartition des
gains de productivité du travail ; grâce à elle, on crée de l’emploi
sans croissance, ce qui permet de réfléchir aux activités qui doivent
croître et à celles qui doivent décroître.
• En faisant reculer le
chômage, la RTT peut constituer un point d’appui pour résister à la
détérioration des conditions de travail et permettre de poser les bases
d’un début de contrôle de l’organisation du travail par les salariés.
•
Le temps libéré par la RTT est aussi un enjeu pour la citoyenneté et la
démocratie active. Il rend possible la participation de toutes et tous à
la réflexion, au débat et à la délibération, dans la perspective d'une
démocratie à réinventer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire